Référentiel sur les aides technologiques EHDAA pour l'enseignement
et l'apprentissage de l'anglais langue seconde (ALS)

Mise en contexte

Mise en contexte

Trop souvent, les spécialistes au primaire ne sont pas invités lors de rencontres concernant le plan d’intervention d’un élève. Il arrive qu’on nous, spécialistes en anglais langue seconde, demande de consigner des observations faites lors de nos périodes, de manière à fournir aux intervenants des exemples de comportements ou d’apprentissages réalisés, mais sans plus. Au fil du temps, les directions des écoles primaires tendent à faire un suivi (ne serait-ce qu’une feuille déposée dans notre pigeonnier) à tous les intervenants œuvrant autour de l’enfant. Toutefois, il reste encore du chemin à faire. En tant que spécialistes en anglais langue seconde au primaire, bon nombre d’informations devraient vous accompagner dans votre pratique quotidienne pour vous assurer de comprendre les élèves handicapés ou élèves en difficultés d’adaptation ou d’apprentissage (EHDAA). Dans le but de vous éviter de devoir chercher trop longtemps les réponses à vos questions, j’ai cru bon, avec la collaboration de monsieur Yves Duchesne, conseiller pédagogique en intégration des technologies de l'information et de la communication, de faire le lien entre les questionnements qui m’ont heurtée lors de ma jeune pratique d’enseignante spécialiste en anglais au primaire et les aides technologiques qui nous entourent exponentiellement dans nos classes. On peut penser à tord qu’elles apparaissent sans raison valable, mais au contraire, les aides technologiques font partie d’un processus rigoureux et aucunement laissé au hasard, ni à l’unique discrétion de l’enfant.

 

Plan d’intervention

Tout d’abord, la planification des aides technologiques se fait dans le cadre d’un plan d’intervention. Il est à noter qu’avant la mise en place d’un tel outil, différentes actions ont été tentées sans que l’élève concerné ait été en mesure d’atteindre « les exigences de la tâche ciblée telle que réalisée par les élèves de son âge[1] ». On voit bien qu’il y a une panoplie de ressources à la portée d’un jeune qui est en situation de besoin. Bien que j’aie mentionné plus haut que les spécialistes au primaire sont peu fréquemment présents lors de ces rencontres, vous pouvez toujours consulter le document papier où ont été consignées les informations relatives à cette démarche. Le plan d’intervention (PI) nous pousse à « considérer la réussite de l’élève de façon différenciée[2] », si ce n’est pas déjà fait. D’ailleurs, l’implantation d’un PI n’est pas synonyme de retirer l’enseignement des stratégies, bien au contraire. Si un élève présente des difficultés dans ses apprentissages, et il n’est pas nécessairement ici question d’échec scolaire retentissant, l’enseignant alerte au cheminement de ses élèves fait preuve de différenciation pédagogique. « Une personne est [donc] en situation de handicap si elle ne réalise pas en partie ou en totalité ses habitudes de vie en raison de facteurs individuels ou environnementaux.[3] » À chacune des étapes de la démarche visant à venir en aide ces élèves en situation de besoin, il est essentiel de conserver une bonne et étroite relation de communication avec les parents. « Lorsque les interventions humaines ne suffisent plus, que l’élève n’arrive pas à développer ses propres stratégies pour atteindre des objectifs et qu’il est sur le point de prendre du retard dans son cheminement, des programmes informatiques sont appelés en renfort.[4] » Des interventions doivent être mises en place pour amener l’enfant à la réussite, et ce, même si cette réussite est atteinte de manière différenciée. Le développement des compétences place l’élève au cœur de sa réussite, notamment en adoptant, s’il y a lieu, des changements visant à réduire les obstacles vers ce succès.

 

Bien évidemment, en tant qu’enseignant travaillant de près avec des dizaines et des dizaines d’élèves, il est de votre devoir de prendre connaissance des dossiers antérieurs des élèves. Ceux-ci présentent un portrait des besoins de tout un chacun. Si l’occasion le permet, vous pouvez aussi analyser ou simplement consulter les travaux antérieurs des élèves. Cependant, ne perdez pas de vue qu’un élève inscrit dans un processus dynamique d’aide peut présenter de grandes améliorations entre la remise de deux travaux. Lors de cette rencontre de plan d’intervention, les différents intervenants présents doivent partager leurs observations sur l’enfant en n’omettant pas de faire ressortir ses forces. Puis, ils peuvent faire consensus sur les besoins prioritaires de l’élève.

[5]

 

Les aides technologiques

Dans les établissements scolaires, on entend régulièrement l’acronyme TIC. Encore mieux, on utilise les technologies de l’information et de la communication de plus en plus. « L’aide technologique est nécessairement une TIC, mais l'inverse n'est pas vrai.[6] » De plus, elle est un sous-ensemble de la TIC. 

 

 

Le Ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport et le RÉCIT définit l’aide technologique comme « une assistance technologique qui permet à l’élève de réaliser une tâche qu’il ne pourrait pas réaliser (ou réaliser difficilement) sans le soutien de cette aide. [Elle] doit révéler un caractère essentiel pour répondre à la situation.[7] » L’aide doit s’avérer être nécessaire à l’élève pour que ce dernier soit apte à développer et ainsi, démontrer sa compétence. Dans un tel cas, l’absence d’implantation de l’aide technologique provoquerait une incapacité de répondre aux exigences d’une tâche à réaliser.

 

Les fonctions d’aide

Cette béquille, à ne pas utiliser au sens péjoratif, est composée de fonctions d’aides. « C’est une orthèse technopédagogique qu’il est aussi légitime d’utiliser qu’une autre orthèse largement reconnue dans le monde… la paire de lunettes[8] ». Afin de répondre au besoin identifié, la fonction d’aide, dans son sens large, vient soutenir l’élève dans son autonomie. Elle sert à la réalisation d’une tâche précise. Quant au produit, il s’agit de l’outil concret qui vise à répondre au besoin du jeune en adaptation scolaire. Ces produits peuvent être « courants (porte-crayon, attelle, etc.) ou encore à la fine pointe de la technologie (ordinateur, synthétiseur de parole, lecteur Braille, etc.)[9] ». Sachez que les aides technologiques aident dans plusieurs disciplines, dont la vôtre.

 

Principales fonctions d’aide à la lecture et à la lecture recensées et validées[10] :

  1. Édition de texte (traitement de texte)
  2. Rétroaction vocale par synthèse vocale
  3. Mise en évidence du mot lu
  4. Dictionnaires
  5. Grammaire
  6. Révision – correction
  7. Révision – analyse linguistique
  8. Révision – conversion d’un mot ayant une forme phonologique en sa forme conventionnelle
  9. Idéation des idées
  10. Conversion du plan de rédaction d’un mode graphique en un mode séquentiel
  11. Prédiction orthographique selon un procédé de correspondance orthographique
  12. Prédiction orthographique selon un procédé de correspondance phonologique
  13. Prédiction orthographique selon le procédé de cooccurrence
  14. Note vocale (enregistrement de la voix)
  15. Prise de note numérique et vocale
  16. Écriture vocale (reconnaissance ou dictée vocale)
  17. Résumé de texte
  18. Nuage de mots
  19. Traduction

 

 

Pour en arriver à l’utilisation d’une aide technologique, la démarche à suivre est rigoureuse. Le besoin de l’EHDAA doit être identifié, de manière à ce que soit décelée la béquille la plus susceptible de rendre la réussite à portée de mains de l’enfant. Pour ce faire, il y a huit étapes à suivre.

 

  1. Évaluation de la situation de besoin
  2. Identification des moyens à explorer pour répondre à la situation de besoin
  3. Identification des fonctions d’aide correspondant à la situation de besoin
  4. Identification des produits correspondant aux fonctions d’aide
  5. Formation sur le fonctionnement technique
  6. Accompagnement dans l’appropriation et l’utilisation efficace
  7. Pratique autonome et efficiente
  8. Évaluation de la valeur ajoutée

 

Le moyen de vérifier si une fonction d’aide a réellement soutenu l’élève et par le fait même, bonifié sa réussite scolaire et personnelle, est la valeur ajoutée. L’appréciation de « la valeur ajoutée d’une aide technologique se mesure dans le gain significatif que l’utilisation de cet outil apporte à la personne en situation d’handicap pour réaliser une tâche ou pour développer une compétence[11] ». Par exemple, dans un texte qu’un élève avait à écrire, la valeur ajoutée représenterait le nombre de fautes qu’il a fait selon le nombre de mots rédigés, avant l’utilisation de l’aide technologique et après celle-ci. La valeur ajoutée ne se calcule pas en attribuant une note en pourcentage. Elle se voit dans l’évolution des acquis et des compétences.

 

Certaines personnes considèrent encore que les aides technologiques sont des bonus offerts à des élèves et que cette stratégie fausse l’évaluation du rendement réel que pourrait fournir un jeune. Ils font erreur. Il importe ici de valoriser l’utilisation des AT, au même titre qu’une flexibilité pédagogique. L’utilisation de ces orthèses technopédagogiques à l’école devrait faire partie des valeurs partagées par l’ensemble des acteurs de l’équipe-école. Il peut déjà être difficile pour un EHDAA de se sentir différent des autres, s’il faut en plus que des camarades ou des intervenants ne rendent pas sa démarche légitime, la persévérance scolaire et la motivation de réussir ne seront plus au rendez-vous.

 

Équité versus égalité

Ce phénomène est documenté sous l’expression « Équité versus égalité ». Priverait-on un élève de porter ses lunettes de vue pour lire un texte? C’est la même chose avec un jeune qui a besoin d’une aide technologique pour arriver à rédiger un texte à la hauteur de son imagination. « Certains croient que c’est un avantage que les autres n’ont pas. Ce n’est pas vrai. Si un bon lecteur utilise un outil de synthèse vocale, ça va l’amuser pendant les cinq premières minutes. Mais, après, cela va le déranger ou lui nuire. »

[13]

Orthèse et prothèse

À la suite des lectures faites sur le sujet, on remarque qu’il est souvent question d’orthèse et de prothèse technopédagogiques. Évidemment, ces deux termes nous sont familiers, puisqu’ils relèvent du domaine médical. « Il s’agit d’outils technologiques qui sont utilisés pour leur apport pédagogique à l’amélioration non seulement de l’autonomie de l’élève, mais également comme soutien à sa réussite scolaire[14] ».

 

Orthèse

Prothèse

« Compense une difficulté marquée et
persistante
à réaliser une tâche,
à développer une compétence ou à atteindre un état.[15] »

« Compense une incapacité à réaliser une tâche, à développer une compétence ou à atteindre un état. »

Exemple : Un élève n’est pas en mesure de faire un plan
pour organiser ses idées lors d’une production écrite.
La fonction d’aide organisateur d’idées permet de
pallier à cette difficulté marquée et persistante.

Exemple : Un élève ne peut utiliser ses mains (handicap moteur) pour écrire. Il opte pour la fonction d’aide assistance vocale à l’écriture pour rédiger sa situation d’écriture à l’aide de sa voix.

 

Quelques définitions

 

ASSOCIATION QUÉBÉCOISE DES TROUBLES D’APPRENTISSAGES. Billet : Les dys.
[En ligne] Adresse : http://aqeta.qc.ca/troubles-dapprentissages/546-comprendre-quelques-definitions-pour-mieux-intervenir.html (document consulté le 24 octobre 2014).

 


[1] SERVICE NATIONAL DU RÉCIT EN ADAPTATION SCOLAIRE. Considérations pour établir les mesures d’adaptation à mettre en place en situation d’évaluation. [En ligne] Adresse : http://www.recitadaptscol.qc.ca/IMG/pdf/Document_soutien_mesures_adaptation_juin2011.pdf (document consulté le 24 octobre 2014).

[2] SERVICE NATIONAL DU RÉCIT EN ADAPTATION SCOLAIRE. La planification des aides technologiques se fait dans le cadre d’un plan d’intervention.  [En ligne] Adresse : http://www.recitadaptscol.qc.ca/IMG/4_-La%20planification%20des%20aides%20technologiques %20se%20fait%20dans%20le%20cadre%20d%E2%80%99un%20plan%20d%E2%80%99 intervention.pdf (document consulté le 24 octobre 2014).

[3] RÉSEAU DES RÉPONDANTES ET RÉPONDANTS TIC. Modèle des fonctions d’aide : un pont entre la théorie et la pratique. [En ligne] Adresse : http://www.reptic.qc.ca/wp-content/uploads/2013/09/2013-06_Article_Modele-des-fonctions-aide-un-pont-entre-theorie-pratique.pdf (document consulté le 24 octobre 2014).

[4] LE DEVOIR. L’apport des technologies de l’information. [En ligne] Adresse : http://www.ledevoir.com/ societe/education/421776/l-apport-des-technologies-de-l-information (document consulté le 26 octobre 2014).

[5] COMMISSION SCOLAIRE DE MONTRÉAL. Le plan d’intervention adapté aux besoins et aux capacités de l’élève. [En ligne] Adresse : http://www2.csdm.qc.ca/sassc/referentielEHDAA/Scripts/Plan.htm (document consulté le 24 octobre 2014).

[6] RÉSEAU DES RÉPONDANTES ET RÉPONDANTS TIC. Modèle des fonctions d’aide : un pont entre la théorie et la pratique. [En ligne] Adresse : http:// www.reptic.qc.ca/wp-content/uploads/2013/09/2013-06_Article_Modele-des-fonctions-aide-un-pont-entre-theorie-pratique.pdf (document consulté le 24 octobre 2014).

[7] FÉDÉRATION DES COMITÉS DE PARENTS DU QUÉBEC. Considérations pour établir les mesures d’adaptation à mettre en place en situation d’évaluation. [En ligne] Adresse : http://www.fcpq.qc.ca/data/userfiles/files/Recherche_Developpement/Plan%20Intervention/ Considerations-Mesures %20adaptation.pdf (document consulté le 24 octobre 2014).

[8] SERVICE NATIONAL DU RÉCIT EN ADAPTATION SCOLAIRE. Utiliser les aides à l’écriture avec un élève en trouble d’apprentissage : une question de justice et d’équité. [En ligne] Adresse : www.recitadaptscol.qc.ca/IMG/File/EquitevsEgaliteV3.pdf (document consulté le 23 octobre 2014).

[9] COMMISSION SCOLAIRE SIR-WILFRID-LAURIER. Les aides technologiques pour soutenir la démarche des élèves. [En ligne] Adresse : http://www.swlauriersb.qc.ca/english/edservices/pedresources/ documents/Aides_technologiques.pdf (document consulté le 24 octobre 2014).

[10] Selon : RÉSEAU DES RÉPONDANTES ET RÉPONDANTS TIC. Modèle des fonctions d’aide : un pont entre la théorie et la pratique. [En ligne] Adresse : http://www.reptic.qc.ca/wp-content/uploads/2013/09/2013-06_Article_Modele-des-fonctions-aide-un-pont-entre-theorie-pratique.pdf (document consulté le 24 octobre 2014).

[11] RÉSEAU DES RÉPONDANTES ET RÉPONDANTS TIC. Modèle des fonctions d’aide : un pont entre la théorie et la pratique. [En ligne] Adresse : http://www.reptic.qc.ca/wp-content/uploads/2013/09/2013-06_Article_Modele-des-fonctions-aide-un-pont-entre-theorie-pratique.pdf (document consulté le 24 octobre 2014).

[12] LE DEVOIR. L’apport des technologies de l’information. [En ligne] Adresse : http://www.ledevoir.com/ societe/education/421776/l-apport-des-technologies-de-l-information (document consulté le 26 octobre 2014).

[13] SERVICE NATIONAL DU RÉCIT EN ADAPTATION SCOLAIRE. Utiliser les aides à l’écriture avec un élève en trouble d’apprentissage : une question de justice et d’équité. [En ligne] Adresse : www.recitadaptscol.qc.ca/IMG/File/EquitevsEgaliteV3.pdf (document consulté le 23 octobre 2014).

[14] SERVICE NATIONAL DU RÉCIT EN ADAPTATION SCOLAIRE. Aides technologiques : orthèse et prothèse technopédagogiques. [En ligne] Adresse : www.recitadaptscol.qc.ca/IMG/pptx/AQPF-JeanChouinard.pptx (document consulté le 23 octobre 2014).

[15] Idem

[16] DYSMOI, LE BLOGUE DES DYS, LE SITE. La journée des dys dans le Rhône. [En ligne] Adresse : http://www.dysmoi.fr/8eme-journee-des-dys/ (document consulté le 24 octobre 2014).